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PETIT DEJEUNER FRANÇAIS, L’EPIDEMIE INEVITABLE DU DIABÈTE EN ROUTE

Le 06 juillet 2021
Le petit déjeuner français est hyperglycémiant. Il entraine, sous l’action de l’hormone insuline sécrétée par le pancréas, une hypoglycémie réactive. Ces réactions favorisent la surcharge pondérale et les pathologies cardio-vasculaires et métaboliques.

PETIT DEJEUNER MODERNE FRANÇAIS

Le petit déjeuner français actuel est généralement composé de pain blanc agrémenté de beurre et de confiture, parfois de viennoiseries en fin de semaine, d’un jus d’orange et d’une boisson chaude. Parfois, le pain est remplacé par des céréales comme des pétales de maïs soufflées accompagnées de lait. 

Rappelons que la présence de ces ingrédients est assez récente dans notre alimentation. Les viennoiseries auraient été introduites par Marie Antoinette d’Autriche en 1770. La production du pain le plus « blanc » possible, symbole d'abondance et de pureté, est une réaction au « pain noir » consommé pendant la seconde guerre mondiale. Ce pain, de goût très mauvais, était préparé avec un mélange de farines complètes de blé, de fèves, de maïs, d’orge, de pommes de terre et de riz. Les confitures, longtemps considérées comme un produit de luxe, se banalisent au début du XIXème siècle grâce la découverte du sucre de betterave. La betterave sucrée étant beaucoup moins chère et plus rapide à produire, elle permit à la confiture de ne plus être réservée à la noblesse. L’orange est restée longtemps un produit de luxe. La découverte de la vitamine C et la publicité vont en faire le symbole du fruit « bon pour la santé ». Le jus d’orange s’impose en Europe et en Amérique du Nord au détriment des oranges fraîches et sa consommation explose à partir des années 1980. Les premières importations de céréales du petit déjeuner, en France, datent de 1968 avec les « corn flakes » de la marque Kellogg's. Il semblerait que la consommation de lait ait commencé à augmenter à partir du XVIIème siècle. Cependant, à cette époque-là, il ne s’agit pas uniquement de lait de vache puisque les laits de chèvres et d’ânesses sont très présents et cela notamment pour l’alimentation des nourrissons.

 

PETIT DEJEUNER SUCRE FRANÇAIS ET METABOLISME DE BASE

Pour un tel petit-déjeuner, on compte un apport en sucre compris entre 50 et 110 grammes. Or, au maximum, le foie est capable de stocker entre 70 et 100 grammes de sucre sur 24 heures et le tissu musculaire 400 grammes sous forme de glycogène. Au-delà, on observe une surcharge de l’activité du foie déjà occupé par ses nombreuses fonctions vitales. Il fabrique, entre autres, les protéines plasmiques permettant de stabiliser le pH sanguin. L’excédent de sucre est transformé en graisses sous forme de « triglycérides » stockés au niveau du tissu adipeux. Les sucres apportés par ce petit déjeuner pourront éventuellement être brûlés rapidement chez un enfant en pleine croissance et pratiquant une importante activité physique. Son métabolisme basal étant très élevé, il aura moins de risque de stocker des graisses qu’un adulte sédentaire. Le métabolisme de base correspond aux besoins énergétiques « incompressibles » de l'organisme, soit la dépense d'énergie minimum quotidienne permettant à l'organisme de survivre. Au repos, l’organisme consomme de l’énergie pour maintenir en activité ses fonctions via des réactions biochimiques. Il est exprimé en joules ou en calories par jour. L'alimentation permet de subvenir à ces besoins énergétiques. Passé la quarantaine, le métabolisme basal chute de 2% tous les 10 ans. 

PETIT DEJEUNER, INDICE GLYCÉMIQUE

La surcharge pondérale et l’obésité liées au développement du tissu adipeux intra-abdominal est considérée comme un facteur de risque du diabète, des troubles cardio-vasculaires et des accidents vasculaires cérébraux. En France, en 2019, 49 % de la population est en surcharge pondérale ou obèse (cf article "Alimentation riche en sucre, en route vers la surcharge pondérale et l'obésité). Ce sont les seniors les plus sévèrement touchés par l'obésité. Cependant, il est inquiétant de voir que l’obésité chez les jeunes entre 15 et 24 ans a doublé entre 1997 et 2014 passant de 15 à 29 %. Cela est d’autant plus inquiétant que les enfants ont un métabolisme basal deux fois plus élevé que celui des adultes. Ils brûlent donc deux fois plus de calories qu’un adulte. Il faut donc que leur consommation en sucre soit extrêmement élevée et leur activité physique faible pour qu’ils deviennent obèse. 

L'indice glycémique est un critère de classement des aliments contenant des glucides, basé sur leurs effets sur la glycémie (taux de glucose dans le sang) durant les deux heures suivant leur ingestion. Il permet de comparer le pouvoir glycémiant de chaque aliment, mesuré directement lors de la digestion. L'indice glycémique d'un aliment est donné par rapport à un aliment de référence, auquel on attribue l'indice 100 (généralement du glucose pur ou du pain blanc). Plus il est élevé (il peut être supérieur à 100), plus le pouvoir glycémiant de l'aliment est important. Ainsi la baguette blanche a un indice glycémique compris entre 75 et 90 alors que celui d’un morceau de sucre blanc est de 68. Les confitures ont un indice glycémique de 65, les viennoiseries de 70, les corn flakes de 85 et le jus d’orange industriel de 65. Tous ces produits constituant notre petit déjeuner moderne présentent donc un indice glycémique que l’on définit comme élevé. 

PETIT DEJEUNER SUCRE ET HYPOGLYCÉMIE RÉFLEXE

Un tel petit déjeuner va entrainer une augmentation de la glycémie sanguine ou hyperglycémie qui a son tour, sous l’action de l’hormone insuline sécrétée par le pancréas a un effet hypoglycémiant. Son action permet au glucose présent dans le sang d’être absorbé sous forme de glycogène et de triglycérides par les cellules adipeuses, les cellules du foie et les cellules des muscles squelettiques. Dans les 2 heures qui suivent, apparait une hypoglycémie réactionnelle. Cette hypoglycémie réflexe se manifeste essentiellement par une baisse d'énergie et une faim impérieuse qui laisse place à une collation sucrée vers 10 heures du matin. Cette collation va provoquer, à son tour, une réaction hyperglycémiante laissant place, de nouveau, à une hypoglycémie réactive

Ce cercle vicieux se traduit par le développement du tissu adipeux et, progressivement mais sûrement, par un épuisement du pancréas. Cette fluctuation hormonale peut se traduire aussi par de l'anxiété, une accélération du rythme cardiaque, de l'irritabilité, des tremblements, une transpiration excessive, des vertiges, la difficulté à se concentrer... On y reconnaitra quelques caractéristiques définissant un « enfant hyperactif ».

Rappelons que, sur une période très courte du point de vue évolutionniste, la part des glucides dans notre alimentation est passée de 5% à plus de 50%. De plus, nous n’avons jamais consommé autant de produits transformés qui ont la particularité d’avoir un indice glycémique extrêmement élevé. Cela demande au pancréas de produire d’énormes quantités d’insuline sur un temps très court. Avec le temps, cela favorise l’apparition d’une insulino-résistance qui se traduit par le développement d’un diabète de type 2 appelé aussi « diabète gras » car il touche essentiellement les personnes en surpoids ou obèses, qui plus est sédentaires. Cependant, comme nous venons de l’expliquer, ce serait un raccourci de penser que ces personnes consomment uniquement trop de matières grasses. Ce diabète est en nette augmentation chez les enfants et les adolescents.

Seule la combinaison d’aliments à forts indices protéique et lipidique et à faible indice glycémique pourra rompre ce maléfice nous entrainant vers la surcharge pondérale et les pathologies cardio-vasculaires et métaboliques. C’est ce que nous verrons dans un prochain article.

En cas de signes d'hypoglycémie réactive ou de troubles digestifs, pensez à prendre rendez-vous à mon cabinet via doctolib.fr

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